Le Sénégal cherche à séduire les Québécois
Le lundi 22 août 2016 - Publié dans La Presse - Par Nathaelle Morissette
Attirer les voyageurs québécois ; voilà l'objectif que s'est fixé l'Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT), qui a notamment dépêché ses représentants ici afin de séduire les agences de voyages. Si ce pays d'Afrique présente des atouts qui plairont à certains, il peut toutefois en déstabiliser - voire en rebuter - plusieurs.
Le mélange des cultures arabe et africaine donne lieu à de belles découvertes à Dakar.
PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
L'ouverture d'un bureau du Québec à Dakar, le fait français et l'omniprésence du soleil font partie des arguments qui devraient convaincre les habitants de la Belle Province de s'envoler pour ce pays d'Afrique de l'Ouest, affirme d'un ton convaincu Zaccaria Coulibaly, chef du bureau économique à l'ambassade du Sénégal au Canada. Il a d'ailleurs participé en juillet à Montréal à des rencontres entre l'ASPT et des spécialistes du voyage. Il s'agissait d'une première visite au Canada pour ces représentants sénégalais.
«?Nous avons une clientèle traditionnellement française?», indique M. Coulibaly. Le pays souhaite maintenant s'ouvrir à d'autres marchés. Or, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse, il a été incapable de nommer - en dehors des plages - des attractions ou des lieux susceptibles de convaincre les Québécois de boucler leur valise pour se rendre en terre sénégalaise.
Folklore et nature
«?Ça ne deviendra jamais une destination de masse, constate pour sa part Patrice Malacort, directeur vente et marketing de Brussels Airlines et président d'Aviatour, société qui représente des compagnies aériennes et des offices de tourisme. Mais j'y crois. C'est un pays francophone, stable, il fait beau. Il y a déjà une structure organisationnelle [pour recevoir les touristes].?»
M. Malacort croit que le Sénégal pourrait intéresser les voyageurs qui souhaitent faire du tourisme humanitaire. Selon lui, la culture, le folklore et les parcs nationaux risquent aussi de plaire à de nombreux Québécois. La notoriété de l'humoriste-conteur Boucar Diouf, originaire de ce pays, peut également contribuer à rendre l'endroit attrayant, ajoute-t-il. «?Le problème, c'est que le Sénégal n'est pas connu, même si Boucar Diouf l'est?», admet M. Malacourt.
Certaines agences, comme Exotik Tours, n'ont pas caché leur intérêt pour le Sénégal.
Pour le moment, en revanche, tous ne sont toutefois pas convaincus que la destination peut intéresser un grand nombre de voyageurs d'ici. Germain Bélanger, conseiller en voyages pour l'agence Esprit d'Aventure, a vécu trois ans au Sénégal. Il ne tarit pas d'éloges à l'endroit de ce pays et de ses habitants, qu'il adore. Malgré tout, M. Bélanger doute que les Québécois aient le même coup de coeur que lui. L'agence pour laquelle il travaille offre déjà des circuits pour se rendre là-bas. Or, très peu de ses clients semblent s'y intéresser. «?Dans l'esprit des Québécois, l'Afrique rime avec safari. Or, au Sénégal, on trouve à peine quelques girafes importées d'Afrique du Sud et des phacochères.?»
Il souligne également que pour plusieurs, le choc, une fois arrivé à la capitale Dakar, est énorme. «?C'est une cacophonie de bruits, d'odeurs et de couleurs.?»
Même si la destination offre une panoplie de belles plages, le conseiller en voyages doute fort que les Québécois atterrissent aussi loin qu'au Sénégal avec comme premier objectif de se mettre les pieds dans le sable, alors que les Caraïbes ne sont qu'à quelques heures de vol de la métropole.
Le Sénégal
Pour qui ?
Pour les voyageurs aventuriers et ceux qui ne craignent pas de sortir de leur zone de confort.
Pourquoi y aller ?
Le pays compte de nombreux parcs nationaux, dont ceux des oiseaux du Djoudj et du delta du Saloum, où il est possible d'observer de nombreuses espèces d'oiseaux. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, l'île de Saint-Louis, avec son architecture coloniale, fait également partie des incontournables. Le mélange des cultures arabe et africaine donnerait également lieu à de belles découvertes, tout comme les différentes mosquées et lieux de pèlerinage.
Les moins bons côtés ?
Le choc culturel et la désorganisation qui règnent à Dakar peuvent en rebuter plus d'un. De plus, nous ne sommes pas ici au pays des safaris. Amateurs d'animaux, tenez-vous-le pour dit. Pour le moment, il n'existe pas de liaison aérienne directe entre Montréal et Dakar.
A-t-on besoin de vaccins ?
Le site de la Clinique du voyageur du Grand Montréal en recommande un bon nombre : fièvre typhoïde, hépatites A et B, tétanos, poliomyélite, rougeole-rubéole-oreillons, méningite, rage, choléra, fièvre jaune.
Le pays est-il sûr ?
Le ministère des Affaires étrangères n'a lancé aucun avertissement pour l'ensemble du Sénégal. On invite toutefois les voyageurs à faire preuve d'une grande prudence. En revanche, le Ministère conseille d'éviter tout voyage non essentiel dans la région de la Casamance, dans le sud du pays, pour des raisons de sécurité.
Comment s'y rendre ?
De nombreuses compagnies aériennes telles qu'Air Canada, Brussels Airlines, Royal Air Maroc, Air France, United, Delta et KLM offrent des liaisons - avec escales - entre la métropole québécoise et Dakar.
Combien ça coûte ?
Au moment d'écrire ces lignes, le prix du billet aller-retour le moins cher que nous ayons trouvé, pour un voyage du 22 août au 5 septembre, coûtait 1574,46 $, sur les ailes de Royal Air Maroc.
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